Project Description

Lilith

-  Première femme d'Adam - 

Selon certaines légendes juives, Lilith était la première femme d'Adam, issue de glaise et créée en même temps que lui. Elle se considérait comme l'égale d'Adam et refusait de se soumettre à lui. Au lit, elle rejetait la position du missionnaire. Mais Adam ne voulait rien entendre. Face à son intransigeance, Lilith se révolta. Elle invoqua le nom de Dieu, des ailes lui poussèrent et elle s'enfuit de la Terre. Resté seul, Adam se lamentait. Ému, le Créateur envoya une délégation d'anges auprès de Lilith afin de la faire revenir au domicile conjugal, ce qui échoua. Dieu la punit sévèrement : tous ses enfants mourront à leur naissance. Mais les anges adoucirent la punition et lui donnèrent tous pouvoirs sur les nouveaux nés des humains. Chassée de l'humanité, Lilith opta pour une vie démoniaque. Elle rencontra Samaël, le maître des anges déchus. D'accord sur la question de l'égalité des sexes, ils conçurent ensemble de nombreux petits démons. Pour se venger, Lilith devint le serpent qui provoqua la Chute d'Eve et incita Caïn à tuer Abel. Elle deviendra plus tard le porte-drapeau de nombreux mouvements féministes.

À nouveau, j'ai mis en scène des animaux du Physiologus, premier des bestiaires médiévaux. Ici, l'ours, le lion (léopard en héraldique et dans cette configuration), le bouc, le serpent et le corbeau. Ces animaux étaient perçus comme l'incarnation du Mal, en particulier le bouc et le serpent. Certains d'entre eux furent vénérés dans les religions païennes, comme l'ours et le corbeau. Lorsque le catholicisme est arrivé, il fallait annihiler ces anciennes croyances, et ces animaux autrefois célébrés devinrent les incarnations du mal, synonymes de fourberie et de malheur.

Dès l'époque préhistorique, l'Ours a incarné une divinité. Il était considéré comme un symbole de puissance, de renouveau, du passage des saisons et même de royauté, puisqu'il fut longtemps symboliquement le roi des animaux en Europe. Étroitement associés à des pratiques et traditions animistes "païennes" parfois transgressives, l'ours et ses cultes furent combattus par l'Église catholique lors des évangélisations successives, ce qui conduisit à la dépréciation et à la diabolisation progressive de l'animal, jusqu'à lui donner une réputation de gloutonnerie et de stupidité au Moyen Âge. Dans de nombreuses histoires mythologiques ou folkloriques, on retrouve en commun l'ours mis en scène aux côtés de jeunes femmes dont il tombe amoureux et qu'il enlève, parfois pour leur faire des enfants dotés d'une force surhumaine. Sa puissance brute et son insatiable appétit sexuel y sont mis en avant.

En héraldique, le Lion et le Léopard désignent le même animal, mais avec une position de tête différente. Avec la tête de profil, c'est un lion. Avec la tête de face, c'est un léopard. Le léopard héraldique trouve son origine dans le "lion (leo)", "panthère "pa", "bâtard (ard)", qui constituait l'idée médiévale du léopard : bâtard, donc mauvais. Mais les léopards de la lignée Plantagenêt n'en sont pas pour l'héraldique anglaise qui les ignore et les blasonne "lion passant regardant". Royaux chez eux comme tout lion, ils sont vus bâtards et mauvais de l'autre côté de la Manche. Le "roi des animaux", avec sa réputation de force, de bravoure, de noblesse et de courage, si conforme à l'idéal médiéval, ne pouvait que séduire ceux qui voulaient se choisir des armoiries. De ce fait, le lion et son alter ego le léopard sont très nombreux, surtout dans la zone anglo-normande. Le succès du lion est la cause de sa propre banalisation, ce qu'illustre bien le dicton héraldique : "Qui n'a pas de blason, porte un lion".

Le Serpent est omniprésent dans la Bible, à commencer par l'épisode de la Genèse. Il y apparaît le premier dans le long bestiaire de l'histoire sacrée aux côtés d'Eve. Il y paraît complaisant, malin et tentateur. C'est par la ruse que l'animal invitera Eve à manger du fruit de l'arbre de la connaissance. Depuis, l'image du serpent a été associée à celle du péché, à la tentation et au diable. Tour à tour maléfique ou bénéfique, il fait l'objet de malédictions ou guérit selon les passages. Il passe cependant du serpent tentateur au serpent d'airain. Alors que le peuple libéré de l'esclavage errait dans le désert, il en vint à récriminer contre Dieu et Moïse, regrettant d'Egypte. Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante et beaucoup en moururent. Ils implorèrent Moïse, et celui-ci leur dit : "Fais toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d'un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu'ils le regardent, alors ils vivront !". Le serpent n'est plus un animal par lequel on meurt, il devient celui par qui l'on revit. Un emblème de fer, dit d'airain, que l'on retrouvera sur le caducée du médecin.

Le Bouc a très mauvaise réputation, il est une représentation du diable au Moyen Âge utilisé par l'Eglise pour représenter le mal. Il est le diable du corps, la représentation de la pulsion sexuelle, le bouc émissaire, mis en avant pour que chacun puisse réfréner en lui ses propres pulsions... La chimère, animal imaginaire et représentation symbolique des trois pulsions (spirituelle, sexuelle et matérielle) a un corps de bouc, représentant la pulsion sexuelle. C'est lui aussi qui est au centre des sabbats quand se réunissent les sorcières la nuit tombée.

Les mythologies anciennes respectaient beaucoup le Corbeau. Elles le percevaient à la fois intelligent et vaniteux, perspicace et querelleur, omniscient mais trop bavard, et était un médiateur entre le monde des vivants et celui des morts. Il revêt aussi le rôle de symbole guerrier car c'est lui que les combattants faisaient figurer sur leurs armements afin de s'assurer de sa protection et ses pouvoirs de clairvoyance, de ténacité et de férocité. Tout change avec l'avènement du christianisme, en partie à cause du culte dont l'oiseau fait l'objet chez les peuples païens. L'Ancien Testament a beau raconter que ce sont deux corbeaux qui ont nourri le prophète Eloe alors qu'il souffrait de faim dans le désert, cela ne suffit pas à racheter l'animal aux yeux d'une Eglise qui le diabolise au cours du Moyen Âge. Saint Augustin, grand ennemi du corbeau, croit entendre dans son croassement les mots latins "cras, cras" ("demain, demain"). Il fait de l'oiseau noir une image de l'homme noirci par ses péchés qui reporte sans cesse au lendemain sa confession, son repentir et sa pénitence. Lors de la Genèse, le corbeau a été chargé par Noé de regarder si les eaux ont entamé leur décrue après le déluge, mais celui-ci a préféré s'attarder et se repaître de cadavres". Il est perçu comme un charognard, un nécrophage, un animal méchant dont la malice n'a d'équivalent que celle du renard, son seul ami dans le bestiaire médiéval et qui est aussi son complice auprès du Malin.

La fourche était l'outil du paysan, mais pouvait également être une arme. Le trident était également associé au trident de Poséidon (Neptune) et donc aux croyances Antiques, allant à l'encontre de la religion chrétienne. La fourche devint donc l'arme du Diable. Il s'en sert pour ramasser les âmes des mauvais chrétiens (et piquer des saucisses dans ce cas de figure ! Petite métaphore également ?)